GilB quoted À l'est des rêves by Nastassja Martin
Nous avons laissé l’embarcation attachée à l’arbre derrière nous, nous nous sommes enfoncés sous les fougères grimpantes dans la forêt de bouleaux. Nous avons traversé une autre rivière. Pris pied sur une toundra. Rejoint un autre bois. Traversé un nouveau cours d’eau. Avisé une cabane, une cache de nourriture et une yourte. Pénétré à l’intérieur en clignant des yeux dans la fumée. Pris place sur les peaux de rennes autour du feu. La théière noire léchée par les flammes a sifflé. Le thé a infusé en silence. Ilo a levé les yeux vers nous. Ici, c’est Manach’ a-t-il dit. La pluie s’est mise à tambouriner sur la bâche recouvrant la yourte ; nous nous sommes à nouveau installés dans l’attente. Mais cette fois, contrairement à toutes les autres, nous y avons plongé entièrement, en oubliant comment elle avait commencé et où elle finirait. Les gouttes éparses se sont changées en torrent. La torpeur m’a gagnée. Elle ne me quitte plus depuis trois jours que nous sommes arrivés, enfin, là où j’avais tellement souhaité aller.
— À l'est des rêves by Nastassja Martin (Page 21)